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Comprendre le coup de foudre

La notion de coup de foudre survit à travers nos croyances populaires sur l’amour romantique. Il est alors légitime de se demander si ce phénomène existe vraiment, s’il s’explique scientifiquement.

Une démarche assurée, un regard perçant, un parfum gourmand ou une manière délicate de dire bonjour sont autant de stimuli ‘’gâchette ‘’ qui peuvent avoir l’effet d’une flèche en plein cœur décochée directement de l’arc de cupidon : votre regard est irrésistiblement attiré, vos entrailles sont en ébullition, une sensation de chaleur vous envahit, vous avez les mains moites et le cœur qui bat la chamade.

Est-ce cela, le coup de foudre ? Comment l'expliquer ? Explorons ce phénomène dans des perspectives physiologique et psychologique.

Le catalyseur de l’amour

Un jour où l’autre, il nous arrive de ressentir une force d’attraction foudroyante et incontrôlable. À l’instar d’un taureau qui se rue sur le drapeau du toréador, nous réagissons automatiquement à certains stimuli de manière vive et intense.

Depuis les études de Konrad Lorenz, éminent éthologiste, on appelle cette exaltation ‘’empreinte subconsciente’’. Le chercheur se présentait en se dandinant devant une portée d’oisons lors de l’éclosion, comme s’il était la maman oie. Les oisons quittaient alors leur coquille et suivaient Lorenz, leur figure maternelle, à travers le laboratoire. Plus tard, ils continuaient à parader avec l’homme en toute occasion, même en présence de nouvelles oies pour lesquelles ils auraient dû naturellement marquer une préférence sexuelle.

Ce phénomène a été étudié chez beaucoup d’animaux, y compris des mammifères. Sans céder aux tentations de l’anthropomorphisme, notre espèce ne fait pas exception.

Il existe une période critique dans notre développement durant laquelle nous gravons des empreintes dans notre subconscient de manière indélébile.

Nos sens sont émoustillés par des signes particuliers qui ont marqué positivement nos expériences juvéniles avec des membres de la famille, des amis et des rencontres hasardeuses. Le désir nous emporte depuis les tréfonds de notre psychisme lorsque nous repérons, par exemple, la grimace amusante de notre père ou le parfum que portait notre tante adorée. Un petit garçon qui éprouve du plaisir à laisser une jolie gardienne lui pincer la joue tombera amoureux d’une femme qui lui accordera un traitement semblable.

 

Notons qu’il existe également des empreintes négatives. Un homme victime de la cruauté d’une tante qui s’arrosait d’eau de Cologne fuira comme un gibier toute femme de laquelle émane cet effluve. Tout comme un homme au sourire envieux sera férocement repoussé par une femme victime d’abus sexuels dans son enfance.

Que se passe-t-il dans le cerveau ?

Concrètement, ces stimuli provoquent la libération en cascade de trois substances : la phényléthylamine, la dopamine et la norépinephrine. Ces dernières ont des effets similaires à ceux des narcotiques puissants, ce sont en quelques sortes nos amphétamines naturelles.

Une grande euphorie nous enivre. Cette sensation fait grimper notre excitation en flèche et s’exprime à travers des manifestations physiques tant déconcertantes qu’agréables. Peut-on prétendre au coup de foudre ? Ou doit-on y voir un simple engouement ?

La réponse à cette question se trouve dans l’interprétation du phénomène à posteriori, lorsqu’on connait les débouchées de la rencontre. Si l’amour se développe, nous pourrons romancer notre expérience. A contrario, si l’un ou l’autre est repoussé, nous accuserons un désir éphémère.

Finalement, le coup de foudre existe incontestablement si nous l’envisageons comme une attraction sexuelle brûlante. Dans ce cas, tout est question de sémantique.

La mauvaise nouvelle est que, comme pour toutes les drogues, ce sentiment exaltant s’estompe. L’amour romantique laisse place à la raison, à la désillusion. La bonne nouvelle, c’est que l’hormone de l’attachement, l’ocytocine, prend alors le relais pour combler de bonheur les tourtereaux qui choisissent de prendre une trajectoire amoureuse commune.

À la poursuite d’une idylle

Pour d’autres, souvent qualifiés de ‘’drogués d’amour’’ ou de ‘’cœurs d’artichaut’’, le besoin se fait sentir d’enchainer les amourettes. Il ne faut pas se méprendre sur les intentions de ces individus qui vivent sincèrement la passion des premiers instants, ce qui les distingue des collectionneurs de conquêtes. Néanmoins, accros aux sensations fortes plutôt qu’à l’objet de leur désir, ils retournent rapidement en quête d’une dose de phényléthylamine dont les effets s’amenuisent à chaque désenchantement.

Nous nous laissons piéger psychologiquement quand nous croyons que les gens doivent leur relation de couple complice et solide au destin.

Pourquoi ne rencontrons-nous pas cette formidable âme sœur ? Lorsque nous y regardons de plus près, notre insatisfaction éternelle trouve souvent son explication dans notre passé, dans nos premières expériences en matière d’amour.

Typiquement, le syndrome du cœur d’artichaut naît d’un rapport particulier avec un parent. Qu’il s’agisse d’un abandon douloureux ou, à l’inverse, d’un rapport très fusionnel, la relation à l’origine de ce déséquilibre affectif se voit idéalisée. À cela s’ajoute parfois un amour de jeunesse troublant, dévastateur et inoubliable.

Nous éprouvons alors le besoin de vivre une histoire d’amour sensationnelle et puissante pour réparer les vestiges notre passé. Nous cherchons constamment à nous rassurer d’être aimé par l’Autre. Finalement, la répétition des épisodes romantiques n’est rien d’autre qu’une tentative inconsciente (et vaine, faut-il le préciser) de trouver une relation idyllique.

Il en découle fatalement de grandes déceptions et un sentiment de solitude pesant. Aussi, ces grands rêveurs, pourtant généreux et charismatiques, passent régulièrement à côté d’histoires d’amour prometteuses.

Pour briser le mauvais sort, il faut commencer par s’accepter tel que l’on est. Assumez votre fonctionnement. Pour vous engager sur le chemin d’une relation épanouie et durable, osez expliquer ouvertement cette poursuite chimérique à votre partenaire et marquez lui votre volonté d'y remédier. Ensemble, surmontez cette difficulté.

En admettant que ce mal-être vous concerne et persiste, sachez qu’il est possible de travailler à rompre cette spirale infernale dans le cadre d’une psychothérapie. Consultez un professionnel agréé qui vous aidera à vous poser les bonnes questions et à trouver le moyen de détourner ce mécanisme de dépendance à votre profit.