Imaginez un quotidien où vous éprouvez des sentiments opposés pour une seule et même personne. Un quotidien où cohabitent ensemble haine et amour. Un quotidien où vous espérez que le temps arrangera les choses. Ce phénomène porte un nom, celui de l’ambivalence affective. Kathleen Lambert, psychologue spécialisée dans les relations affectives et sexuelles, nous éclaire sur le sujet.
« Entre subir et dompter les épreuves de la vie, il n’y a qu’un pas. Encore faut-il trouver la direction dans laquelle poser le pied ». Kathleen Lambert est spécialiste des relations affectives et sexuelles. « Mon rôle est de faire émerger une réflexion apaisante et constructive à propos des rapports intimes ». Grâce à son expertise, elle nous explique le phénomène complexe qu’est celui de l’ambivalence affective, cet état de conflit dans lequel s’entremêlent des émotions contradictoires à l’égard d’un proche.
« En consultation, les personnes concernées par cette problématique décrivent la sensation d’être prises au piège, déchirées entre le sentiment que la relation va droit dans le mur et l’incapacité d’envisager une séparation », rapporte-t-elle.
Amour, haine, tristesse, joie, colère… L’ambivalence affective voit vivre en son sein contradictions et tensions en permanence. Cette personne en face de nous, on l’aime, mais on éprouve également de la rancoeur pour elle. Cette personne en face de nous, on l’aime, mais la relation nous fait du mal. N’importe qui peut, à un moment dans sa vie, souffrir d’ambivalence affective et c’est en cela qu’il est d’autant plus intéressant d’en parler.
La complexité de nos émotions
Pour illustrer ce mal-être permanent, Kathleen Lambert nous parle de Marie, l’une de ses patientes souffrant d’ambivalence affective, dont l'identité a été modifiée pour des raisons évidentes de confidentialité. Marie se confiait notamment au sujet de son couple: « Je cherche le courage de jeter l’éponge et, dans le même temps, je m’accroche à l’espoir de retrouver les sentiments fougueux des premiers jours », expliquait-elle à Kathleen Lambert. «Je déteste ce plouc égocentrique aussi fort que je tiens à lui. J’aspire à voir notre complicité renaître de ses cendres, tel un phénix, par je ne sais quel miracle… Dois-je me résoudre à faire mes valises? », s’interroge-t-elle alors.
« Cette confusion reflète toute la complexité de nos émotions. En réalité, un vécu émotionnel intense affiche souvent un pattern de réponses cognitives et comportementales très proche de celui présenté par une émotion toute opposée » développe Kathleen Lambert.